Paru le 2015-11-03
« Psychodynamique du travail » est le nom donné à un champ de recherche dont l’origine remonte aux années 50. Sous le nom de « psychopathologie du travail » étaient alors publiées des études cliniques et théoriques sur les rapports entre travail et santé mentale. A la fin des années 70, l’investigation s’est déplacée de la psychopathologie vers la « normalité ». Un vaste champ clinique a alors été découvert, constitué par les défenses mobilisées pour contenir la souffrance au travail et conjurer les risques de décompensation psychopathologique ou somatique. « Psychodynamique du travail » désigne une théorie générale du rapport subjectif au travail, au sein de laquelle la « psychopathologie du travail » ne constitue plus qu’un chapitre particulier à côté de ceux qui sont consacrés à la souffrance et à la normalité, au plaisir et à la sublimation, etc… .
Ce dossier ne constitue pas un compendium de « psychodynamique du travail ». Il rassemble des textes qui ont été écrits en vue de faire ressortir quelques questions importantes que cette clinique du travail soulève dans le champ de la méta-psychologie. Jusqu’à une période récente, les psychanalystes étaient réticents à la clinique du travail. D’aucuns affirmaient que parler de son travail sur le divan témoignait chez le patient d’une résistance à la cure analytique. Depuis quelques années pourtant une curiosité et un intérêt nouveaux pour cette clinique se font jour dans de nombreuses sociétés psychanalytiques à travers le monde.
Ce dossier constitue une introduction aux controverses sur la place qu’il convient d’accorder à la théorie du rapport subjectif au travail pour pouvoir écouter la parole des patients lorsqu’en séance elle se porte sur l’expérience vécue de la souffrance et du plaisir au travail.
Pr Christophe Dejours